Prenez et lisez-le tous

Ils veulent tout savoir. Tout de suite.
Cette obsession constante de se tenir au courant, d'ingurgiter les informations, de se suspendre à l'actualité. La nécessité absolue de se tenir au courant comme si la télévision délivrait un message divin.
De lire le supplément littéraire du Monde, puis de se ruer ensuite dans les librairies pour acheter ce qui a été frappé de l'approbation de l'intelligentsia.
De dévorer les mémoires rassies et les confidences impudiques d'hommes et de femmes politiques, de l'enfant qui a grandi dans un placard, ou du dernier pseudo-brûlot libertaire. Ils s'achètent Un cœur intelligent dans l'espoir d'avoir le même battant au creux de leurs carcasses.
Et la littérature, pauvre littérature, d'être de plus en plus confondue avec ce dévidoir d'ordures, pas toujours sans raison quand on regarde les bijoux de la dernière rentrée littéraire et les débats puérils en découlant.

Maintenant, si vous n'êtes pas au courant, si vous ne suivez pas l'actualité, vous êtes non seulement ignorant et inculte, mais en plus, vous êtes morts. Il y a cette insistance malsaine des accrocs de l'info à convertir ceux qui s'ingénient à rester en dehors : savoir c'est pouvoir appréhender le monde, c'est une question de survie. Comme si aucun filtre ne venait retenir l'important, comme si, en se mettant au milieu des hurlements du monde, on pouvait mieux en entendre les murmures...
Commencez déjà par lire les panneaux dans les magasins. Ça aide pour la survie.