Un meurtre à coups de boules de neige

Lorsqu'il y a quelques jours Paris s'est retrouvé sous la neige sans crier gare, Naeglind s'est dit qu'il irait bien se geler pieds en en profitant. Parce que pour une fois, à Paris, on a de la neige plus de vingt minutes.  Parce que pardon, mais d'habitude, on se tape des vagues de froid destinées à rien d'autre qu'à faire froid et à faire chier le monde, ca n'amène rien d'intéressant.
Alors que là, si. En plus d'avoir pour une fois du blanc partout (sans jeu de mots), de pouvoir voir des sacrés trucs sous la neige, genre des quartiers vachement classe du type Châtelet, Quartier Latin, ou Bastille, on a tout le tintouin qui va avec. Les mouflets qui ne connaissent que Paris qui s'interrogent devant la neige comme ma nièce de six mois se demande, lorsqu'elle regarde le téléphone, pourquoi ce truc parle comme un être humanoïde sans en avoir la tronche. Ca c'est rigolo. Les gamins qui s'interrogent sur la neige. Remarquez, ma nièce aussi, mais ca, c'est une autre histoire. Pïs ca va pas du tout avec la suite de mon article, alors m'emmerdez pas.


Jusqu'à ce que dans mon périple, au détour d'une rue, dans un beau quartier classe, un gentil mouflet emmitouflé crisait, effrayé, devant sa maman. Il ne fallait, selon son réquisitoire étouffé de sanglots et aussi selon ce que je comprenais de ses arguments, surtout pas passer devant les chiens qui jouaient comme des glands quelques pas devant.

Revenons une seconde sur la topographie des lieux. Il s'agit d'un endroit où le trottoir est surélevé, quelques marches au dessus du niveau de la route, sur le pas de la porte d'un immeuble bourgeois dans lequel les occupants sont persuadé que Jacques Attali mérite une édition en Pléiade parce qu'il est le plus grand philosophe que la terre est jamais porté depuis Socrate, parce que Socrate, parce que tous les livres de Socrate se vendent (c'est assez rigolo d'entendre un client en parler, surtout quand on sait que Socrate a attendu de canner pour s'apercevoir que sa philosophie était orale).
D'un côté, quelques marches descendent vers un carrefour, de l'autre, vers un chantier qui bloque l'accès à ce qu'il y a derrière. On a donc à faire à un cul de sac.

Donc, le petit terrorisé chialait tandis qu'avec leur air de gland, les chiens se roulaient dans la neige sans même savoir que c'en était. Madame Maman essayait de le calmer en expliquant d'une voix douce qu'ils ne sont pas méchant, même s'ils sont plus gros que le yorkshire habituel qu'on croise n'importe où, mais que ce ne sont pas des dogues allemands ni des pitbulls, ni des chiens de guerre de Calédonie. En gros, des cons qui font rien qu'à se complaire dans la neige et l'oisiveté. Tous les chiens sont des branleurs.
La maitresse desdits clébards, qui n'avait pas l'air plus maline avec son vison à huit briques et son ralliement probable à la cause de Bardot, restait debout, statique, au milieu de ses deux protégés. Entendant que le petit ne se calmait pas, la voilà qui rentre dans une colère faussement outrée, avancant avec véhémence que ses chiens ne sont pas méchant et que c'est une honte de le penser, qu'ils n'ont jamais fait de mal à personne, que "votre fils fait un caprice", etc...

Un court instant, j'ai hésité à lui balancer à la gueule que c'est normal qu'une nana aussi sèche qu'elle ne sache pas ce que c'est qu'un gamin, ou une connerie du genre. Mais finalement, Madame Maman l'a probablement fait à ma place, même avec d'autres mots.
Evidemment, il aurait été plus simple pour tout le monde que Madame Envisonnée rappelle ses deux touffes à elle pour laisser passer le mouflet emmitouflé, mais que voulez vous... Ca fait toujours plaisir aux cons d'avoir l'impression d'être quelqu'un.